10 juin 2017

Synthèse des 123 cas d’anaphylaxies alimentaires sévères déclarées en 2017 au Réseau d’Allergo-Vigilance

Sélina Tscheiller1, J-M Renaudin1,2

1. Réseau d’Allergo-Vigilance, Vandoeuvre-lès-Nancy

2. CH E Dürkheim, Epinal

 

Les cas déclarés au Réseau d’Allergo-Vigilance® (RAV) sont en légère augmentation par rapport au nombre de cas déclarés en 2016 (123 cas vs 117). Beaucoup de données restent cependant identiques.

 

Age et sexe de la population allergique étudiée :

Les adultes représentent 49.2% (27 hommes et 32 femmes. 1 cas ne précise pas le sexe du patient).
Les enfants (≤16ans) 50.8% des cas (37 garçons vs 25 filles).

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 Tableaux cliniques :

figure2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les enfants présentent plus de réactions de moindre sévérité (grade 2) que les adultes.

 

Antécédents : 47/123 (38.2%) des patients avaient déjà présenté une réaction allergique antérieure aux mêmes aliments.

 

Facteurs associés : cf. Tableau 1

Chez les enfants 19.3% ont un facteur associé. Les facteurs associés sont l’effort dans 6 cas (9.7%), un pic pollinique (2 cas), la prise d’IPP (2 cas), une chaleur intense (1 cas), une infection concomitante (1 cas) et un stress (1 cas).

Chez les adultes 68.3% ont un facteur associé. La consommation d’alcool représente 21.7% (13 cas) et l’effort 28.3% (17 cas). 31.7% des adultes présentent une association de 2 ou plus de 2 facteurs.

tableau1

Aliments responsables: identifiés 123 fois. 49 allergènes alimentaires différents sont incriminés (56 en 2014 et 45 en 2013).

En 2017, les allergènes végétaux représentent 77.2% des cas déclarés et les allergènes animaux 21.1%.

Stats2017 figure4

Stats2017 figure4

Les aliments les plus responsables d’anaphylaxie, dans la catégorie des allergènes végétaux, sont l’arachide et les fruits à coque, les enfants étant nettement plus touchés que les adultes. La noix de cajou est en cause dans 39.1% des accidents dus aux fruits à coque en 2017. Rapportée au nombre de cas totaux de 2017, la noix de cajou représente 7.3% contre 6.1% en 2012 ; 5.8% en 2013 et 5.3% en 2014. Pour ces deux catégories d’aliments, les enfants sont nettement plus concernés que les adultes.

Les réactions rapportées à la farine de blé représentent 9.8% des cas déclarés en 2017 et les réactions aux viandes de mammifères secondaire à une sensibilisation à l’alpha-gal représentent 3.2% des cas totaux, toutes chez des adultes.

 

Allergènes masqués

Ils représentent 3.2% des cas (vs 4% en 2014) :

  • pâtisserie artisanale Marocaine non étiquetés;
  • repas au restaurant indiqué comme « sans gluten » sur la carte, mais avec utilisation d’une sauce soja contenant du blé, correctement étiquetée: il s’agit d’une erreur d’information du consommateur concernant les allergènes à déclaration obligatoire ;
  • macaron artisanal non étiquetés à l’achat. Composition communiquée à postériori  ;
  • gâteau fait maison à base de Nutella®, non visible, lors d’une fête communale.

 

Les Type d’aliments à l’origine des réactions allergiques en 2017 :

Stats2017 figure5

 

Quantités réactogènes estimées

Les quantités réactogènes responsables de l’accident allergique, en équivalent protéique, sont connues dans seulement 26% des cas. La fourchette des doses se resserre de 30 mg à 3.12g avec une médiane de 312.5 mg.

Une quantité infinitésimale est notée dans 4.1% des cas.

 

Lieu de survenue des accidents allergiques      

Il n’est pas clairement précisé dans 12 cas (9.6%).

Les accidents au domicile sont les plus nombreux avec 48% des cas, suivi par des réactions chez des amis ou la famille dans 9.8% des cas.

8.9% des réactions ont eu lieu en restauration scolaire ou en milieu scolaire (vs 5.3% en 2014), alors que les réactions sur lieu de travail ou restaurant d’entreprise ne représentent que 3.2% des cas.

Les réactions au restaurant représentent 7.3% des déclarations de 2017.

 

Diverses remarques concernant le comportement des patients ou des médecins sont rapportées par les allergologues :

Ces remarques peuvent concerner les comportements psychologiques, la qualité de la prise en charge thérapeutique, la mauvaise évaluation du risque allergique.

Le nombre de ces remarques est comparable aux années précédentes : 7% des cas en 2017 vs 7% en 2014

On note notamment :

  • pas de consultation par le patient après réactions sévères ;
  • déni de gravité ;
  • errance diagnostic ou retard de consultation par le patient  ;
  • non utilisation de la trousse d’urgence ;
  • baisse de la vigilance du patient  ;
  • prise en charge inadéquate à différents niveaux
  • mauvaise gestion de l’urgence par le SAMU, pas de déplacement ;
  • pas d’orientation vers une consultation allergologique après passage au SAU

 

Des informations plus complètes sont disponibles pour les allergologues membres du Réseau dans l'espace membres.